dimanche 14 novembre 2010

Deux calendriers pour bien démarrer l'année

Poutine a été gâté cette année. Pour son anniversaire, des étudiantes de la faculté de journalisme de l’université d’Etat de Moscou lui ont offert le plus cadeau qui puisse être : leurs corps. Vêtues de dessous aguicheurs, elles ont posé pour un calendrier qu’elles ont ensuite offert à leur cher Président.

Intitulé «Vladimir Vladimirovitch, nous vous aimons. Joyeux anniversaire M. Poutine», les photos sont accompagnés de slogans coquins.

Ainsi, Mademoiselle Mars, souhaite un joyeux anniversaire au chef du gouvernement en proclamant : «Vous avez maîtrisé les feux de forêt, mais moi je brûle encore».

Ce geste n’est pas au goût de tous, notamment de la porte-parole de la faculté qui déclare «c'est une œuvre érotique de mauvais goût».

D’après l’initiateur du projet, un jeune producteur travaillant pour une chaîne patriotique en ligne Russia.ru, « l'idée n'était pas de montrer des mannequins prêtes à poser pour 100 dollars, mais des filles qui ont une opinion sur la politique». C’est ce qu’on appelle en effet s’engager corps et âme en politique !



Miss décembre : "Je veux vous féliciter personnellement, appelez-moi au 89251591728"


Pour Miss Avril, Poutine est tout simplement "le meilleur".


Miss Juillet lui demande : "vous prenez un co-pilote?"


Miss février s'interroge : "que pensez d'une 3ème fois?", en jouant sur l'ambiguïté...


Faisant preuve d’un tout autre engagement, d’autres élèves ont réalisé un calendrier nettement moins consensuel. Intitulé «Vladimir Vladimirovitch, nous avons quelques questions...», ce dernier représente des jeunes filles bâillonnées qui n’hésitent pas à poser des questions qui dérangent.

« A quand le prochain attentat ? », «Qui a tué Anna Politkovkaïa?», «Quand libère-t-on Khodorkovski?».






Une chose est sûre, ces étudiantes ont déjà compris comment s'assurer une bonne couverture médiatique!

Petrovich ou l'homme soviétique

J’ai récemment fait la connaissance d’Andreï Biljo. Vous ne voyez pas qui c’est ? Et bien moi non plus avant de me rendre à son vernissage. Psychiatre et dessinateur de caricatures, Andreï Biljo est aussi connu pour sa participation à une émission satirique sur la TV russe en tant que "cervologue". Ses bilans ironiques des actualités de la semaine sont devenus cultes !

Il est le créateur du personnage de Petrovitch, ce petit bonhomme toujours perplexe, inspiré de l'homme soviétique ordinaire. Il a d’ailleurs ouvert un club/resto du même nom. C'est un des rares clubs de Moscou à avoir utilisé une recette imparable : tourner la nostalgie de l’ère soviétique en dérision. "Le dessin est mon véritable métier. Tout le reste de ma vie est lié à cette passion. J'ai inventé Petrovitch qui est devenu célèbre, puis ce club. J'aime inventer sans cesse de nouvelles choses. "

Et voici quelques-uns de ses dessins :



Il prend un malin plaisir à revisiter de célèbres toiles de maîtres russes comme, ci-dessus,
"Ivan le Terrible tuant son fils" d'Ilya Repine.



Ou encore, ci-dessous, un dessin inspiré de
"Pierre Ier interroge le tsarévitch Alexis Petrovitch à Petrehof" de Nikolaï Gué.



Les "Bogatyrs" selon Biljo...



d'après Victor Vasnetsov :





Et comme il s'agit de gagner sa vie, il décline ses dessins sur des draps, des assiettes, des tasses...



Ah oui, et il y a la version sur soutien-gorge aussi. Au choix, à arborer fièrement sur chacun de ses seins : Lenine et Staline;


deux Poutines;

et les sourcils de Brejnev.





Multimedia Art Museum Moscow

Grande nouvelle pour la scène artistique moscovite : la Maison de la Photographie de Moscou se convertit en MAMM (Multimedia Art Museum Moscow).

Qu’est-ce que cela change ? Et bien pas grand-chose à première vue, si ce n’est que l’espace s’ouvre à tous les supports multimedia (installations, vidéos).

En tout cas c’est bien des photos que j’ai pu admirer au dernier vernissage auquel je suis allée. Et pas n’importe quelles photos ! Une salle entière était dédiée aux œuvres du célèbre Alexandre Rodchenko, ce photographe (mais aussi peintre et sculpteur) soviétique, fondateur du constructivisme russe.

Témoin privilégié d’une époque et d’une société russe en complète reconstruction après la révolution d’octobre 1917, il fut récupéré comme nombre d’artistes par le régime pour servir de levier de propagande et sublimer ‘l’homo sovieticus’. Il s’agissait de faire vivre d’espoir en un avenir meilleur un peuple qui n’avait alors que des idéaux pour seul nourriture.

Il réalise sur commande de nombreuses affiches politiques, affiches de films, affiches et objets publicitaires d’inspiration constructiviste. Pour lui, il y a une « absolue nécessité à lier toute création à la production et à l'organisation même de la vie ».



Lengiz Books On Every Subject, A. Rodchenko 1925

En quête d'une recherche graphique dans ses images, Rodchenko recadre, recoupe, colle. L'intérêt d'une photographie réside plus dans sa forme que dans le sujet représenté.




Sructure architecturale, A. Rodchenko


Cruche, A. Rodchenko, 1928

Fille au leica, A. Rodchenko, 1934

Alexandre Chevtchenko, A.Rodchenko, 1924


The couple, A. Rodchenko, 1932


Vladimir Maiakovski, A. Rodchenko, 1924


Mother, A. Rodchenko

L’espace étant grand, il y a la place d’y exposer de nombreux artistes, sans forcément grande cohérence d’ailleurs. Pour la première fois en Russie est consacrée une exposition à Fluxus. Intitulée « Fluxus : Time Will Tell », elle retrace les temps forts de ce mouvement d’avant-gardistes de l’art conceptuel.

Né dans les années 1960, ce mouvement a été initié par de jeunes artistes, qui, influencés par Dada, par l'enseignement de John Cage et par la philosophie Zen, décidèrent de renverser les pratiques artistiques, les institutions et la notion d'œuvre d'art afin de construire un vrai lien entre l’art et la vie. Pour ceux qui se souviennent de leurs cours de latin (comme moi, oui, oui !) le mot « fluxus » signifie « flux, courant ».







"Je crois en moi car je ne crois pas en moi", Ben









samedi 9 octobre 2010

La Reine des Pommes à Moscou


Est-que vous avez vu ce joli petit film? Et bien il mérite le détour!

L'histoire? Celle d'Adèle, cœur d'artichaut quitté par Mathieu, l'homme avec qui elle voulait construire sa vie. Dévastée, elle n'a personne chez qui aller, si ce n'est sa cousine Rachel, une femme excentrique et obsessionnelle qui lui conseille de "coucher avec d'autres hommes" afin de "désacraliser cette histoire". Aussitôt dit, aussitôt fait avec Pierre, Paul, Jacques...

Pimpant, déluré, original. Valérie Donzelli réussit, avec trois bouts de ficelle, un bon maniement de l'aiguille, une bande de copains bien choisis (dont Benjamin Biolay pour la musique) et des inspirateurs inspirés tels Truffaut, Rohmer et Demy, une comédie à croquer.

C'est en participant à l'organisation du "Rendez-vous du jeune cinéma français" à Moscou que j'ai redécouvert ce film et surtout que j'ai eu la chance de rencontrer Béatrice de Staël, celle qui joue Rachel. Après de longues journées à flâner dans Moscou avec elle, j'avais envie qu'elle soit ma cousine, aussi névrosée soit-elle.
Une petite réplique pour vous donner un avant goût :
Rachel à Adèle - "T'es insupportable en fait! On te quitte, tu pleures, tu jouis, tu pleures. T'es toujours la victime. C'est chiant!"


Et surtout la bande-annonce :



Présenté à l'ouverture du festival, La reine des pommes à fait rire une salle comble de 500 places!

Après un court-métrage intitulé Il fait beau dans la plus belle ville du monde (à voir!), ce premier long en laisse présager bien d'autres...

Pour plus d'infos sur le film